L’intervention française au Mexique (1862-1867)

Auteur(s) : BOURDEILLE Christian (dir.)

L’intervention française au Mexique (1862-1867), Christian BOURDEILLE (dir.) © Éditions du Cerf 2019

Cet ouvrage correspond au colloque historique qui s’est tenu le 5 juillet 2017 à l’École militaire et a contribué à éclairer l’état de la recherche sur cette campagne menée par la France sur le continent sud-américain.

Présentation par l’éditeur

Hormis la guerre de Crimée et sa politique des nationalités (en Italie et en Roumanie notamment), Napoléon III a eu pour ambition d’intervenir sur le continent américain. Cette guerre du Mexique (1862-1867), si elle continue d’être associée à un échec retentissant, n’en demeure pas moins une tentative importante d’influence politique pour contrer celle, grandissante, des États-Unis. Quatorze auteurs, français et mexicains, étudient ici les principaux éléments de cette campagne, à travers l’opération militaire elle-même, mais aussi les batailles emblématiques et décisives (Puebla, Camerone…), les personnages ainsi que la politique extérieure du Mexique. Ces communications ont été prononcées lors du colloque sous-titré « un conflit inattendu, une amitié naissante », qui s’est tenu le 5 juillet 2017 à l’École militaire de Paris, organisé par l’ambassade du Mexique en France conjointement avec le Service historique de la Défense, le Souvenir napoléonien, la Fondation Napoléon et les Amis de Napoléon III.

Année de publication : 2019Lieu et maison d’édition : Paris, Éditions du CerfNombre de pages : 304 p.
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Commentaires du président Abel Douay :

À lui seul, l’intitulé du colloque pouvait surprendre puisqu’il associait à « l’intervention française au Mexique » les termes de « conflit inattendu » et « d’amitié naissante ». De cette apparente contradiction – alors que cette intervention n’était déjà que paradoxes accumulés – l’éclairage ne pouvait venir que des regards croisés entre les hommes des deux camps belligérants de l’époque, en faisant parler les archives bien sûr, mais aussi en confrontant les actuelles analyses des historiens qui, s’éloignant de l’immédiateté de ce conflit d’il y a tout juste 150 ans – qui se solda par le retrait des troupes françaises suivi de la tragique exécution de l’Empereur Maximilien – ont enfin pu dégager, avec un souci d’objectivité que seul le recul autorise, l’apport de la présence française au Mexique et les liens d’amitiés partagés qui, au fil du temps, en sont aujourd’hui la résultante sincère. Ainsi, il n’est pas paradoxal d’accepter qu’une première défaite française le 5 mai 1862 à Puebla ait pu être le fondement pour les Mexicains de leur identité recouvrée comme en atteste la fête nationale du Cinco de Mayo, tandis que, du côté français, une victoire en ces mêmes lieux le 17 mai de l’année suivante sauvait l’honneur de l’armée française entraînant une grande fête à Fontainebleau. Le 30 avril, soixante-cinq légionnaires ne s’étaient-ils pas brillamment défendus et avec acharnement devant plus de deux mille hommes de l’armée mexicaine à Camaron, permettant ainsi à la Légion étrangère de gagner ses lettres de noblesse ?

Si le grand dessein que Napoléon III entrevoyait de cette expédition n’a pu s’accomplir selon ses plans géostratégiques, et que de surcroît la France perdit l’influence considérable, empreinte de sympathie et d’admiration, qu’elle avait sur cette contrée d’Amérique centrale, il n’en reste pas moins que in fine l’un des buts fixés par l’Empereur fut atteint en permettant au Mexique de sortir de l’anarchie qui prévalait dans le pays et, avec le temps, de se donner le régime stable qu’on lui connaît.

De ces destins croisés, au risque de céder à l’uchronie, l’ingérence de Napoléon III eût-elle apporté au Mexique les bienfaits attendus par ceux qui l’ont incité à s’y engager si la guerre de sécession n’avait trouvé son épilogue, imposant le retrait des troupes ? Et eût-elle apporté à la France les bénéfices escomptés ? Rien n’est moins sûr. Après la chute de Maximilien, la paix rétablie et la « République restaurée », l’indépendance acquise ouvrit le pays à sa reconstruction. Une relance de l’économie s’imposait, elle passait par des accords avec l’étranger. Si la France ne fut pas le premier pays européen à y souscrire, la reprise des relations extérieures entamées par l’administration de Porfirio Diaz et le ministère mexicain des Relations extérieures, fin 1879, avec le Ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Jules Grévy, Charles de Freycinet, parvint à renouer les relations franco-mexicaines en vue de la signature de nouveaux traités desquels investissements de capitaux et transactions commerciales pourraient être rétablis. Les amis du Mexique, Jules Favre, Léon Gambetta, Émile de Girardin et Victor Hugo voyaient se concrétiser leurs vœux de réconciliation lorsque ce dernier écrivait : « Que vous soyez vainqueurs ou que vous soyez vaincus, la France reste votre sœur, sœur de votre gloire comme de votre malheur ». C’est en considérant que les griefs liés à l’intervention française appartenaient au passé et n’avaient lieu ni à être évoqués ni davantage à réclamer réparations que « l’amitié naissante » put se développer et s’épanouir harmonieusement jusqu’à ce jour. Que n’avons-nous pas su plus tard s’inspirer de l’intelligence de ces accords pour mettre un terme à un autre conflit qui, en Algérie, taisait là encore son nom de « guerre ».